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A travers le parcours de Marthin Djelau et Mozes Mangar, notre film a pour ambition de raconter l’histoire universelle, des exilés forcés. Dans l’histoire récente de l’humanité de nombreux Etats Européens ont possédé des colonies qu’ils ont dû rétrocéder dans des circonstances souvent dramatiques, infligeant ainsi à leurs minorités, des épisodes douloureux comme celui enduré par  les anciens soldats de la KNIL (Koninklijk Nederlands-Indisch Leger, Armée Royale des Indes Néerlandaises) et leurs descendants.

Dans une certaine mesure, la Suisse fait figure d’exception. Historiquement, et du fait de sa neutralité, elle a entretenu une image de pays d’accueil pour les réfugiés et les déracinés de tous horizons et de toutes conditions. On peut, de ce point de vue, considérer que notre démarche, qui consiste à relayer ces témoignages historiques méconnus, que nombre de pays concernés n’ont pas encore décidé d’aborder, s’inscrit dans une tradition purement helvétique.

L’historique de ce projet est étonnant. En 2008, aux Pays-Bas, Marthin Djelau et Mozes Mangar assistent à la projection de notre premier documentaire, "Vanen, Les Plumes du Paradis", tourné dans l’archipel Aru. Grâce à nos notes, nous réalisons qu’Emi et Manu, deux des principaux protagonistes du film, sont des cousins de Marthin. L’émotion est immense pour Marthin qui découvre sa famille, et pour Mozes qui retrouve un village semblable au sien. Mozes nous apprend alors qu’il veut retourner à Selibata, son village d’origine et que Marthin envisage de le suivre.

Au terme de la soirée, l’idée d’Exilés a germé dans nos esprits de réalisateurs touchés par ces circonstances exceptionnelles. Au-delà des familles Mangar et Djelau, ce film servira de témoignage, non pas dans un but politique, mais bien historique. Mozes est le dernier des 36 soldats d’Aru, il faut profiter de ses souvenirs pour expliquer le passé aux générations futures et leur offrir un ancrage identitaire qui a tant fait défaut à Marthin.

Le voyage entrepris par Marthin constitue l’axe du film. La structure narrative repose sur les découvertes qu’il fait au fil de son périple. D’abord aux côtés de Mozes qui évoque ses souvenirs, communs à ceux de son père Selfianus et enrichis d’archives historiques. Puis, d’une manière plus personnelle quand il séjourne dans le village natal de son père et tisse peu à peu des liens avec tous les membres de sa « nouvelle » famille. De retour aux Pays-Bas, le dernier acte exposera l’incidence de ce voyage dans la vie quotidienne de Marthin.

La co-réalisation de ce film est justifiée par la complémentarité de nos parcours et de nos sensibilités : pour l’un, une préoccupation personnelle à la question identitaire et au déracinement lié à l’immigration ; pour l’autre, la connaissance intime depuis 10 ans des îles Aru et tout particulièrement de Wakua, village d’origine du père de Marthin.